- funèbre
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• XIVe; lat. funebris1 ♦ Qui a rapport aux funérailles. Ornements funèbres. ⇒ funéraire, mortuaire. — POMPES FUNÈBRES. Service des pompes funèbres : service communal chargé de l'organisation des funérailles. Ordonnateur, conducteur, employé des pompes funèbres. ⇒fam. croquemort. Cérémonie funèbre. ⇒ funérailles. Char funèbre. ⇒ corbillard. Décoration, estrade funèbre. ⇒ catafalque, chapelle (ardente). Marche funèbre. Service funèbre. ⇒ absoute, office (des morts). Discours, éloge, oraison funèbre. ⇒ panégyrique.2 ♦ Qui se rapporte à la mort. ⇒ mortuaire. « J'étais assis en silence au chevet du lit funèbre » (Chateaubriand). Veillée funèbre. Cloche funèbre. ⇒ glas.3 ♦ Par ext. Qui évoque l'idée de la mort, inspire un sentiment de sombre tristesse. ⇒ lugubre, 1. sinistre; funeste. Une mine, un air funèbre (cf. fam. Une tête d'enterrement). Ton, voix funèbre. ⇒ sépulcral. « Un silence funèbre cernait la patrouille » (Mac Orlan). Des idées funèbres. ⇒ noir.⊗ CONTR. Gai, plaisant, riant.Synonymes :Qui concerne la mortSynonymes :- funéraireQui est sombre, triste, lugubre, sinistre ; qui fait penser à...Synonymes :- lugubre- macabre- sépulcral- sinistre- sombreContraires :- gai- riantfunèbreadj.d1./d Qui a rapport aux funérailles. Oraison funèbre.|| Service des pompes funèbres, qui règle tout ce qui concerne les funérailles.d2./d Fig. Qui fait penser à la mort, suscite la tristesse. Une voix, une image funèbre.⇒FUNÈBRE, adj.A.— Qui a rapport à la mort, aux funérailles. L'oraison funèbre de Bertrand Duguesclin, que devait prononcer l'évêque d'Auxerre (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 68). Il se tenait au fond de son palais, farouche, silencieux, regardant le corps de son fils étendu sur le lit funèbre à pieds de chacal (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 335). On la vit à la messe funèbre, passer une nuit en deuil, en pleurs et en gémissements que l'on respecta (VIGNY, Mém. inéd., 1863, p. 172) :• 1. Les rites funèbres cachent la mort, en même temps que la mort, sous les tentures d'une esthétique et d'une action...RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 432.SYNT. Caveau, cérémonie, chambre, chant, char, cloche, cortège, fourgon, inscription, monument, office, pompe, procession, service, toilette funèbre; discours, éloge funèbre; litanies, prières, rites funèbres; rendre les devoirs, les honneurs funèbres à qqn.— En partic.♦ Marche funèbre. Marche que l'on joue aux obsèques. La marche funèbre du « Crépuscule des dieux »; la Marche funèbre de Chopin. Beethoven compose une grandiose marche funèbre à la mémoire de son héros (PROD'HOMME, Symph. Beethoven, 1921, p. 97).♦ Nuit funèbre. Nuit qui suit la mort de quelqu'un ou qui précède ses funérailles. On l'enterra, mais toute la nuit funèbre, aux vitrines éclairées, ses livres, disposés trois par trois, veillaient comme des anges aux ailes éployées (PROUST, Prisonn., 1922, p. 188).♦ Pas funèbre. Manière lente et solennelle de marcher adoptée par un corps militaire au cours des funérailles. La musique militaire marchant au pas funèbre avec un lent dandinement (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 475).♦ Repas funèbre. Repas qui suit les funérailles. Nous n'avions pas donné de grand repas funèbre (PROUST, Swann, 1913, p. 154).♦ Danses, jeux funèbres. Danses, jeux qui avaient lieu pendant les funérailles. Elle parla des jeux funèbres du roi d'Eubée, où Hésiode osa disputer à Homère le prix de la poésie (CHATEAUBR., Martyrs, t. 1, 1810, p. 172). Alors, c'étaient les lamentations, des danses funèbres pendant la nuit, et des larmes (MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 180).— Expr., fam. Avoir une tête de pompe funèbre. Avoir l'air sombre, sinistre. À l'autre bout de la table, Popelain a sa tête de pompe funèbre et ne desserre pas les dents (GONCOURT, Journal, 1892, p. 230). Synon. faire une tête d'enterrement.— Au plur. Les pompes funèbres. Administration communale qui se charge de l'organisation des enterrements. Entrepreneur de pompes funèbres. C'était un monsieur vêtu de noir. J'ai su depuis que c'était un employé aux pompes funèbres (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 76).♦ P. métaph. M. de Blacas avec sa longue figure immobile et décolorée, est l'entrepreneur des pompes funèbres de la monarchie (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 246).B.— Au fig. Sombre, lugubre, qui inspire de la tristesse. Printemps funèbre. La pluie, jour et nuit, la pluie jusqu'au cœur (DUHAMEL, Journal Salav., 1927, p. 76). Un chant étrange s'éleva, doux et funèbre à la fois (DUHAMEL, Malfaiteur, 1955, p. 66) :• 2. Prague est funèbre, en dépit du whist; c'est une prison glacée pour une jeune femme de vingt-neuf ans.MORAND, Pt théâtre, Mouchard mouché, 1942, 5, p. 196.SYNT. Journée, lieu, ville funèbre; adieu, départ funèbre; avoir une mine funèbre; prendre un air funèbre; annoncer qqc. sur un ton funèbre; idées funèbres; être en proie à de funèbres pensées.— Spéc. Oiseaux funèbres. Oiseaux nocturnes dont le cri a quelque chose de sinistre. Le hibou, le chat-huant, l'orfraie sont des oiseaux funèbres (Ac.).Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. [XIVe s. (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, VIII, chap. 26, édit. 1531 ds R. Hist. litt. Fr. t. 12, p. 712 : les jeux des corps qui s'appellent funebres a funere)]; ca 1514 oraison funebre (J. LEMAIRE DE BELGES, Traité des pompes funebres ds Œuvres, éd. J. Stecker, t. 4, p. 280); 1562 « qui fait penser à la mort; triste, lugubre » en partic. oiseaux funèbres (M. SCEVE, Microc., III, p. 68 ds GDF. Compl.). Empr. au lat. class.
« id. » (< funus, -eris « funérailles; mort violente »). Fréq. abs. littér. :2 051. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 313. b) 4 374; XXe s. : a) 2 806, b) 1 863.
DÉR. Funèbrement, adv. D'une manière funèbre. Dire qqc. funèbrement à qqn. Une lune, à son dernier quartier, pendait funèbrement sur de plats paysages (BLOY, Désesp., 1886, p. 155). — []. — 1re attest. av. 1611 (BERTAUT, Larmes pour le trespas de Madame ds HUG.); de funèbre, suff. -ment2.
funèbre [fynɛbʀ] adj.ÉTYM. V. 1514 : lat. funebris.❖1 Qui a rapport aux funérailles. || Ornements funèbres. ⇒ Funéraire, mortuaire. || Appareil funèbre. ⇒ Pompe. — Vx. || La pompe funèbre. — Mod. || Pompes funèbres. || Service des pompes funèbres : service communal chargé de l'organisation des funérailles. || Entrepreneur de pompes funèbres. || Ordonnateur, conducteur, employé des pompes funèbres (⇒ fam. Croque-mort). — Cérémonie funèbre. ⇒ Funérailles. || Char funèbre. ⇒ Corbillard, fourgon. || Décoration, estrade funèbre. ⇒ Catafalque, chapelle (ardente). || Draps, tentures funèbres (⇒ Litre, poêle). — ☑ Loc. Convoi, cortège funèbre. — (1872). || Marche funèbre. || Service funèbre. ⇒ Absoute, office (des morts). || Le De profundis, prière funèbre, le Dies iræ, cantique funèbre de la liturgie catholique. || Le chœur entonne les psaumes funèbres. || Discours, éloge, oraison (cit. 3) funèbre. ⇒ Panégyrique. || Rendre à qqn les honneurs funèbres (→ Les derniers devoirs). || Tambours funèbres, voilés de crêpe (→ Bruit, cit. 14). || Pas funèbre (des troupes au cours de funérailles militaires).1 Le service extérieur des pompes funèbres, comprenant exclusivement le transport des corps, la fourniture des corbillards, cercueils, tentures extérieures des maisons mortuaires, les voitures de deuil, ainsi que les fournitures et le personnel nécessaires aux inhumations, exhumations, et crémations, appartient aux communes, à titre de service public. Celles-ci peuvent assurer ce service soit directement, soit par entreprise (…)Loi du 28 déc. 1904, art. I, 2.2 (…) le moyen de ne vous pas parler de la plus belle, de la plus magnifique et de la plus triomphante pompe funèbre qui ait jamais été faite depuis qu'il y a des mortels ? C'est celle de feu M. le Prince (…)Mme de Sévigné, 1015, 10 mars 1687.3 Je préférerais (…) de prononcer le discours funèbre de celui à qui je succède (à l'Académie).La Bruyère, Disc. à l'Acad. franç.4 (…) les tintements de la cloche qui appelait les voyageurs, se mêlaient à ses chants funèbres, et l'on croyait entendre dans les Bocages de la mort le chœur lointain des décédés, qui répondaient à la voix du solitaire.Chateaubriand, Atala, Les funérailles.5 La salle dans laquelle ils tombèrent se trouva être le magasin d'un entrepreneur de pompes funèbres (…)Baudelaire, Trad. E. Poe, Nouvelles histoires extraordinaires, « Le roi Peste ».6 En supposant qu'on daignât nous aviser officiellement de la cérémonie funèbre (…)Léon Bloy, la Femme pauvre, II, XXI.7 En traversant le méchouar, les cinq clairons se mirent à sonner la marche funèbre.P. Mac Orlan, la Bandera, XVIII.8 (…) les conducteurs des pompes funèbres purent un instant croire qu'ils conduisaient au Panthéon un mort illustre.Cocteau, le Grand Écart, VII.♦ Par ext. || Nuit funèbre, qui suit le décès et précède les funérailles. — Repas funèbre, donné après des funérailles.2 Qui se rapporte à la mort. ⇒ Mortuaire. — (1801). || Couche, lit funèbre : lit de mort. || Veillée funèbre. — Cloche funèbre, qui annonce la mort d'une personne. ⇒ Glas. — Littér. || Enclos funèbre (⇒ Cimetière, nécropole; → Catacombe, cit. 1).9 La lune prêta son pâle flambeau à cette veillée funèbre.Chateaubriand, Atala, Les funérailles.10 J'étais assis en silence au chevet du lit funèbre de mon Atala.Chateaubriand, Atala, Les funérailles.11 Et quand, dernier témoin de ces scènes funèbres,Entouré du chaos, de la mort, des ténèbres (…)Lamartine, Premières méditations, « L'immortalité ».12 Celui-ci était une espèce d'entrepreneur de sépultures, un marbrier fabricant de tombeaux. Comme tous les gens à métiers funèbres, il buvait bien.Baudelaire, Du vin et du haschisch, II.3 (1562). Qui évoque l'idée de la mort, inspire un sentiment de sombre tristesse. ⇒ Lugubre, sinistre, sombre; funeste. || Les murs funèbres d'une caserne, d'une prison (→ Bastille, cit. 2). || Un funèbre paysage d'hiver. || Le spectacle funèbre de la misère. || Couleurs, teintes funèbres (→ Broyeur, cit. 1). || Aboiement funèbre d'un chien. — Une mine, un air funèbre (→ fam. Une tête d'enterrement). || Ton, voix funèbre. ⇒ Sépulcral. || Un homme funèbre, toujours sombre. — Des idées funèbres. ⇒ Noir (→ Des papillons noirs). || Pensées, songes funèbres (→ Assoupissant, cit. 2). || Pressentiment funèbre (→ Augure, cit. 11). || Plaisanterie, mystification funèbre (⇒ Macabre; → Affirmation, cit. 3). — La chouette, le hibou, oiseaux funèbres (→ Chanteur, cit. 3). || Faire rimer funèbres et ténèbres (→ Accrochage, cit. 1).13 Mille oiseaux effrayants, mille corbeaux funèbres,De ces murs désertés habitent les ténèbres.Boileau, le Lutrin, III.14 J'aimais l'essaim d'oiseaux funèbresQui sur les toits, dans les ténèbres,Vient grouper ses noirs bataillons.Hugo, Odes, II, « La bande noire ».15 Tes yeux, quoique très noirs, m'inspirent des pensersQui ne sont pas du tout funèbres.Baudelaire, les Épaves, « Les promesses d'un visage ».16 Passé Arles, commencent de grands pays muets, peu différents de ceux qu'aima le funèbre Vigny.Ch. Maurras, Anthinéa, VI, Les collines battues du vent.17 Un silence funèbre cernait la patrouille.P. Mac Orlan, la Bandera, XVII.18 Trouverait-il beau ce piano à queue ? Moi je le trouve informe et funèbre (…)J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, VII, p. 106.19 Funéraire, l'art égyptien est rarement funèbre : il n'a ni squelettes ni transis.Malraux, la Métamorphose des dieux, 1957, p. 9.❖CONTR. Gai, plaisant, riant.DÉR. Funèbrement.
Encyclopédie Universelle. 2012.